Catherine CLEMENT

psychiatre, psychothérapeute EMDR

       
           
             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           

Installée en libéral à Paris

Mémoire de CES Psychiatie de l’enfant et de l’adolescent: Le lien Mère Nourrisson (1989)

Formation en Thérapie familiale systémique en 1988

Thérapeute EMDR 2005

Formation en Lifespan Integration (LSI) (Intégration du cycle de vie, ICV) avec Peggy Pace en 2008

Superviseur en ICV en 2011

 

 

 

 

 


Présentation de la thérapie “ Intégration des cycles de vie (Lifespan Integration)

En tant que thérapeutes nous avons tous vécu cette expérience face à certains patients d’arriver à une impasse; ils ont parlé de leur histoire, compris , ils ont même traité des souvenirs traumatiques et pourtant les changements dans leur vie ne se font pas, ils semblent aller mieux mais la dépression et l’anxiété entre autres reprennent le dessus après un certain temps et ils montrent toujours une difficulté à réguler leur vie émotionnelle.

Ces patients présentent le plus souvent des histoires très précocément et durablement carencées; il n’y a pas eu mise en place d’un attachement stable, sécure, prévisible avec une figure parentale solide. D.Bowlby dans les années 50 évoquait déjà la place fondamentale de l’attachement dans le développement du petit humain. L’avancée des neurosciences n’a fait que renforcé cette notion. On pourrait comparer l’attachement solide aux fondations d’une maison: ce sont elles qui vont permettre à la maison de s’élever solidement, de traverser les épreuves du temps et voire même de s’enjoliver avec les années. De la même façon un attachement “suffisamment” solide pour reprendre un terme cher à Winnicott, est essentiel aux humains que nous sommes; c’est cet attachement qui nous permettra d’intégrer les différents évènements qui vont jalonner notre vie, les meilleurs comme les plus pénibles; qui va nous permettre de construire notre “récit de vie” intérieur ,cohérent, stable, souple et non figé, cristallisé dans un passé traumatique ou carencé.

Pour reprendre la métaphore de la maison, aujourd’hui nous savons renforcer voire donner des fondations à des édifices qui en manquaient. La thérapie par Intégration des cycles de vie notamment le Protocole de naissance semble faire ce même travail: construre un attachement là où il manque. Il permet au patient de retrouver son récit de vie, de réaliser que l’histoire passée est réellement passée, qu’il n’est plus dans le temps du trauma et il y aura avec cette réalisation, la libération d’une énergie mentale et psychique au profit d’une bien meilleure efficience dans sa vie actuelle avec une fenêtre de tolérance et de résolution face aux situations actuelles qui va s’élargir et une capacité à profiter des évènements heureux de façon beaucoup plus pleine et consciente. C’est à travers une stimulation neuronale répétée que ces changements vont se faire, en regardant le film de sa vie un nombre suffisant de fois au cours des séances et c’est ce que je vais développer maintenant.

Peggy Pace psychothérapeute américaine a mis au point cette nouvelle thérapie sur les dix dernières années après avoir travaillé pendant plus de vingt ans avec des adultes traumatisés dès leur enfance. Aux tous premiers stades du développement, chez le tout petit (avant un an) il n’y a pas un soi unifié mais plutôt une myriade de soi et d’états du moi qui répondent aux différentes situations proposées par l’environnement. Au cours d’un développement normal, dans un environnement suffisamment bon, ces états vont petit à petit s’intégrer pour permettre l’émergence d’un moi unifié, solide, cohérent, souple, autonome. C’est ce que l’on va retrouver dans le processus d’attachement qui est d’ailleurs très tôt un processus interactif entre le nourrisson et la figure parentale. C’est dans l’accordage suffisamment bon entre ces deux là qu’il y aura intégration. Sans savoir précisément comment cette intégration se réalise, il semblerait que c’est en grande partie à travers la coconstruction de récits de vie autobiographiques entre le parent et l’enfant. Peggy Pace s’est appuyée essentiellement sur ce récit de vie pour développer son approche thérapeutique. Si la figure parentale n’est pas suffisamment sécure, l’intégration neuronale ne pourra pas se faire et il n’y aura pas d’unification du moi; il n y aura qu’une intégration partielle des différents états du moi menant à des troubles dissociatifs chez l’adulte. La dissociation existe sur un continuum à travers toute la population et il semblerait que l’ICV permet à chacun de devenir de plus en plus intégré, de se sentir plus adulte, plus autonome et compétent dans sa vie avec la mise en place d’une plus grande solidité et sécurité intérieures. Pendant le travail en ICV le thérapeute avec son patient va créer les condtions optimum qui ont manqué à celui-ci durant sa toute petite enfance ne permettant pas l’établissement d’une carte interne de soi à travers l’espace et le temps.

Cette coconstruction entre le Moi-adulte et le Moi-enfant en présence d’un thérapeute ancré, solide, va permettre d’une part la protection du MA durant le travail, d’autre partl le récit de sa vie qu’il fait à son ME avec l’aide du thérapeute vient prouver à ses systèmes neuronaux qu’il n’est plus bloqué dans le passé, qu’il a grandi. A travers ce travail ce n’est pas l’attachement envers les figures parentales que l’on cherche à transformer mais la sécurité intérieure du patient; en “prenant soin” de son ME qui est en fait son Moi fondamental (coreself en anglais) il va y avoir un vécu interne de sécurité que les patients chacun avec leurs mots, expriment tous.

 

2ème Partie: Modèle thérapeutique de L’ICV: Protocole de naissance

Ceci est un résumé du déroulement du travail en séance. Une fois l’alliance thérapeutique en place on demande au patient de faire une liste de “souvenirs signaux”; cette liste c’est un souvenir par année de vie depuis la naissance jusqu’à ce jour; pas plus de deux trois mots par souvenir; une fois la liste complète le thérapeute après avoir proposé au patient d’imaginer sa naissance , lira chaque souvenir en ne s’attardant pas plus de 5-6 secondes et le MA montrera au Moi nouveau-né le déroulement de sa vie jusqu’à arriver là où il est maintenant, une partie intégrante du MA. Il est important de prendre le temps d’établir cette liste; c’est elle qui va permettre à travers un certain nombre de répétitions, une intégration neuronale. Cette répétition au cours d’une même séance puis au cours d’autant de séances qu’il est nécessaire amène le patient à passer d’un état à un autre très rapidement permettant une meilleure organisation de son histoire, permettant aux souvenirs implicites de se rattacher à des situations actuelles, permettant avec très peu d’intervention du thérapeuteque que les processus d’autoguérison du patient puissent faire leur travail. La répétition du protocole de naissance vient renforcer le moi central (core self) permettant au patient d’intégrer des états émotionnels et somatiques qui jusque là n’étaient rattachés que peu ou pas à “une base”. Il semblerait que s’effectue un travail très en profondeur , durable et stable. Pour ma part cela fait presque 4ans que je travaille de façon très systématique avec cet outil et dans le retour de mes patients viennent toujours les mêmes mots: ancrage, solidité, confiance, sentiment d’être plus plein, sécurité, axe central et qui s’associent à de vrais changements dans leur vie. Peggy Pace qui a un recul de plus de dix ans a la même expérience . Le patient semble pouvoir intégrer et réorganiser les différents aspects de son histoire ce qui était jusque là impossible du fait de la dissociation; il y aurait réparation des séquelles si souvent laissées par ce qui nous réunit au cours de ce colloque, la violence éducative ordinaire.

Sur le plan clinique à l’heure actuelle il n’y a que des résultats rapportés par un nombre grandissant de thérapeutes utilisant cette approche. Aujourd’hui un travail de recherche plus systématisé serait tout à fait important à effectuer pour pouvoir valider pleinement le travail de Peggy Pace.

 

 

 

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